Premier extrait de l’Apocalypse de Jonathan.

« Le scénario est prototypique, les pères sont improvisés, ils rêvent à eux-mêmes et ne tolèrent pas un réveil en forme d’échec, ils veulent être des hommes alors ils partent sans cesse, sont des essaims qui geignent de se voir pleurer. Nous n’étions pas attendus, il nous le répéta souvent mais seul moi pus l’entendre, comprendre les diverses implications d’un tel propos qu’il soit vil prétexte ou honnête ressenti. Lionne s’embellit encore pour lui quand je présume qu’il a dû refaire sa vie, supprimer l’importune de son écran intérieur comme il l’a toujours fait. Nous étions les témoins d’une perte : de temps pour lui, de la liberté de l’irresponsabilité, d’une alternative avortée, toujours plus et mieux. Désirés ou pas, j’imagine que nous sommes tous là par hasard. Nos parents nous confectionnent des corps périssables, certains d’entre nous se vengeront et s’acharneront à poursuivre le cycle corrompu, à faire moins de place sur la planète, à prier que l’être nécessairement complémentaire fera mieux. Ils espèrent alors qu’il est encore un minuscule morceau de chair, qu’il révolutionnera son petit concept ou trouvera au moins une utilité quelconque, pauvre créature sans conscience mais déjà redevable. Juste quelques mois de paix. J’aimerais ne pas avoir à porter le poids des générations pourrissantes qui m’ont précédé. Petite sœur, les destructeurs ce sont toujours eux. Être l’unique représentant d’une espèce inconnue. Je flotterais dans l’espace, en rêvant à d’autres mondes. »

Samuel Dock