Nouvelles du couple. « La Princesse » par Erwin Zirmi. Extrait.

Oui, la princesse en avait assez. Elle désirait ardemment des choses niaises : la Saint-Valentin, des mots doux, des  textos, des croissants le matin, des week-ends à la mer et des bouquets de fleurs. Bien sûr, son prince serait à sa hauteur : il serait riche, grand, beau, intelligent, drôle, doté d’une élégance rare et d’un gros braquemard. Hélas, même si Paris regorgeait d’hommes qui lui plaisaient, il était difficile à trouver. Pourtant, elle avait une incroyable capacité à tomber amoureuse. Mais toujours, quelque chose manquait. Le beau avait un effroyable égo, celui-là était un Dieu au pieu mais ne savait pas aligner trois mots, celui-ci avait tout pour lui mais souffrait d’un appendice riquiqui, le dernier l’avait fait jouir de façon phénoménale, mais votait Front National.

La mélancolie s’empara de la princesse. Se croyant maudite, elle se résolut à mener une vie libre et scandaleuse. Ses amies lui disaient « Patience. » Elle répondait par le silence. Elle regardait les gens se fiancer et se marier. Elle déprimait. Son miroir s’était mis à lui parler : « Toute ta vie tu ne seras pas fraîche comme la rosée. »

Bien sûr, des hommes l’avaient aimée. Tous, elles les avaient envoyés promener. Pour elle, jamais l’amour ne durait.

Un jour qu’elle sortait des draps d’un amant décevant, il fut là. Elle le regarda. Il n’osa pas. Alors elle fit le premier pas et l’entraîna. Quand ce fut fini, elle se rhabilla. Il lui tendit sa carte : « Appelle-moi.» Sur la carte son nom, avec un vrai numéro, et un vrai métier. Elle trouvait le métier tout pourri, mais comme la trentaine s’approchait dangereusement, elle se dit qu’elle ferait avec, assurément. Elle lui donna son numéro. Il était beau, sa peau chaude et son sourire confondant. Pour le reste, elle avait testé et validé.

photo-15438Erwin Zirmi a mis sa vie sous le signe de la diversité et du dynamisme. Il mène sa formation dramatique au travers du filtre de cette pluralité : au cours Florent, il suit une formation bilingue en anglais et en français. Avec Jean-Louis Tribes, il complète son approche intellectuelle et émotionnelle par un travail sur la mémoire sensorielle. Toutes ces aventures lui permettent un travail des plus variés, tant dans la forme que dans le fond. Il passe avec facilité du théâtre à la télévision et de la télévision au cinéma. Persuadé que toutes les expériences sont bonnes à vivre, il plonge dans la télé-réalité le temps d’une rentrée audiovisuelle, et voit dans son rôle de professeur pince-sans-rire des années 50 du « Pensionnat de Chavagnes », une occasion unique de communiquer et de se mettre en scène. Il joue avec conviction, justesse et un amour des mots certain les rôles légers de Feydeau, et les personnages des sketchs de Karl Zéro, jusqu’à ceux plus graves, du Prêtre du « Dialogues des carmélites » .Rien de bien étonnant que son énergie le conduise à écrire et jouer « Les deux pieds dans le bonheur », dans laquelle on retrouve un écho de ses rencontres qui nourrissent son imagination débordante et de son goût du bon mot, toujours justement porté.

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