Nouvelles du couple. « La Coupure » par Samuel Dock. Extrait.

Samuel Dock (7)

Samuel Dock, par Damien Guillaume

Te souviens-tu de notre rencontre ? La première fois que nous nous sommes croisés ? A l’autre bout du monde, là où tout commence et là où tout s’éteint. Notre histoire ne pouvait débuter que dans tout ce blanc, cette stérilité, la nausée, l’accident des autres. Il fallait que notre premier contact soit douloureux, pour que l’on se garde toujours de l’évidence, de la facilité des promesses dites. Il fallait qu’il soit brutal pour que nous parcourions, tout au long des jours à venir, les kilomètres carrés de notre sacrifice. J’ai abdiqué sur un territoire immense pour être proche de toi, pour ne jamais te quitter. Je nous voulais, nous deux, et personne d’autre. J’ai fait le voeu que succombe toute altérité. Une aura empoisonnée pour qu’ils nous laissent en paix, tous, qu’ils gardent leur distance. Nous n’y sommes pour rien, mon amour, si nous sommes nés en même temps. Il fallait du sang. Il fallait du pouls. Que cela nous perce les tympans. Il fallait que nous souffrions pour nous fondre l’un dans l’autre, changer l’image extérieure en une représentation pareillement éprouvée. Le sais-tu seulement ? Des cris. Des bruits. Beaucoup trop de bruit. Une musique trop forte avant le jour. D’autres encore, qui s’agitent, qui parlent trop fort.  Et toi, pourtant. Il n’y a jamais eu que toi. Le cadre de mon existence a définitivement vacillé la première fois que nous n’avons fait qu’un. Et que nous n’avons plus cessé.

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