Choses de la vie

« L’apocalypse de Jonathan » terminé,   j’ai l’intime conviction que nous sommes  en présence d’un écrivain entré dans la cour des grands par la porte principale.

On ne peut pas lire « l’Apocalypse » en attendant un taxi ou en étant assis  dans un bus en partance pour le boulot…Non,  il est nécessaire de s’installer au calme  en demandant la paix  à l’entourage. Il faut pouvoir communier avec Jonathan pour saisir la moindre de ses pensée, sensations et réflexions. Transformer les phrases si belles, écrites dans un style qui allie élégance, à  profondeur « hadopélagiale » du cerveau de Jonathan, en un monde réel fut pour moi un plaisir intense, durant lequel j’ai évolué tout le temps de ma lecture, ma besace d’émotions en bandoulière.

L’œil de Jonathan est un  scanner doublé des capacités d’une IRM. Rien n’échappe à son observation sans compassion. Le monde est mis à nu, écorché, les tripes à l’air. Cette objectivité sans concession nous déconcerte un instant, mais  nous oblige à un retour  sur nous-mêmes et « sur notre monde » et là bien des vérités nous lacèrent les neurones avec violence.

Jonathan, personnage hyper sensible à l’écoute de tout ce qui l’entoure, même de l’indicible  et de l’impalpable a le cerveau en surcharge, jamais au repos même la nuit lorsque son « négatif » prend la relève. Il révèle, à qui peut prendre conscience, comprendre et ressentir, ce mal être dont sont  responsables l’absurdité, l’incohérence, la cécité consentie, l’avidité et l’inconscience du comportement humain. Comportement qui nous mène vers « l’apocalypse » imminente.

A maintes reprises, tout le long de ma lecture, j’ai ressenti une impression  identique à  celle que j’éprouvais quand j’étais enfant, lorsque je trempais la main dans de  l’eau si bouillante que je ne savais plus si elle était glacée ou brûlante. Ou encore en mettant mon  pied nu dans la neige, je me demandais  si ce n’était  pas du feu. Cette confusion des deux extrêmes ne peut avoir lieu que lorsque les sensations et les  émotions qui en découlent sont  particulièrement fortes et à la limite du néant.

 Hafida Aouchar

L’article original est ici

 

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