L’article est ici. Merci à Garoupe!
Je ne vous cacherai pas plus avant que je connais et que j’apprécie Samuel Dock dans la vraie vie. La preuve : j’aime bien le charrier sur les réseaux sociaux. Pour autant, ce billet n’est pas « gratuitement » positif. Il se trouve que tout ce que je peux apprécier chez Samuel Dock est justement tout ce qu’on retrouve dans ce livre.
Samuel Dock est un jeune homme (oui, il a le mauvais goût d’être plus jeune que moi) intelligent (oui, il a aussi celui d’être plus intelligent que moi). Il possède un regard exacerbé, vif et indocile puisque tel est la précision apportée par l’auteur au titre de son ouvrage. Indocile signifie que l’auteur, et il nous invite à faire de même, pose un regard sur la psychanalyse qui se veut aussi amoureux que critique, aussi laudatif qu’acerbe, aussi plein de louanges que de réalisme.
La passion, parfois peut-être dévorante, que Samuel Dock entretien avec la psychanalyse (et la psychologie clinique dont il est issu) ne l’empêche pas de conserver un œil critique et détaché sur les dérives parfois empruntées par la pratique analytique vis-à-vis de ses patients autant que vis-à-vis d’elle-même.
Ainsi en va-t-il des querelles internes qui n’intéressent pas Samuel Dock dans la mesure où celles-ci sont réductrices. Les positions des un excluent automatiquement celles des autres alors que, preuves et exemples à l’appui, Samuel Dock démontre qu’elles sont avant tout complémentaires. Quand de trop nombreux psychanalystes opposent Freud et Lacan, Samuel Dock choisit, lui, de prendre ce qu’il y trouve de mieux chez chacun des deux.
Samuel Dock est aussi quelqu’un de profondément humain. Il met donc l’humain au centre de ses préoccupations avec une bienveillance jamais démentie. C’est ce qui le rend attachant et rend la lecture de ce livre, au demeurant érudit pour mon petit esprit, passionnant.
Alors certes, on ne tirera pas de ce dictionnaire au demeurant fort complet, le choix des entrées n’étant peut-être pas « académique » ou exhaustif mais on sent qu’il correspond aux pensées et aux réflexions personnelles de l’auteur, de quoi faire sa propre analyse. Ce n’est d’ailleurs pas son propos. Mais, en tant que lecteur, on est forcément amené à s’interroger un tant soit peu sur soi-même au fil de la lecture et de l’apparition de certains thèmes. Ceux-ci sont suffisamment variés pour ne passer à côté de rien.
Alors, comme Samuel Dock a mis beaucoup d’intime dans la rédaction de ce livre, je veux aussi faire un pas vers cette intimité. Tout au long de ma lecture, je me suis beaucoup interrogé sur le rapport très particulier, outrancier, que j’ai au temps. Je me qualifie personnellement de chronostressé. Je suis perpétuellement dans l’angoisse d’être en retard. Et je pense que cette peur est liée au rapport inverse que pouvait avoir mon père à ce même temps. Rapport très distant puisqu’il était constamment en retard sauf quand cela concernait son travail. Il pouvait être tellement en retard qu’il lui est arrivé d’oublier qu’il devait venir me chercher le soir après une activité extra-scolaire. C’est peut-être cette absence d’affection et d’attention de la part d’une personne égocentrée et, par certains côtés et à bien y réfléchir, artificielle, qui me pousse aujourd’hui à mettre un point d’honneur, presque, à ne pas quitter mon travail après 18h00 pour rentrer à la maison et m’occuper du domicile familial, parce que lui n’était que très rarement présent pour dîner. C’est peut-être aussi tout cela qui fait que je cherche une forme de reconnaissance à travers le fait de tenir un blog.
Malgré la difficulté, pour des non professionnels, de l’abord de certains concepts, je ne peux que vous conseiller de lire ce livre indocile qui ne tresse que rarement des lauriers mais qui ne s’en prive pas pour autant, qui porte un regard critique sur la pratique de la psychanalyse et qui n’est pas sans apporter des postes de réflexions quant aux ponts qui devraient pour exister entre les différentes approches de la psyché que proposent la psychanalyse, la psychologie, la psychiatrie ou la psychothérapie. En ce sens, je suis convaincu qu’un jour, au même titre que certains resteront freudiens ou lacaniens jusqu’au bout de leur canapé, il y aura des dockiens…