Article disponible ici. Merci à Romain Le Vern.
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1« L’ado est égoiste »
« On entend souvent que l’adolescent de la génération Z ne s’intéresse qu’à son petit monde et passe son temps à regarder Les anges de la télé-réalité. C’est faux. Très fréquemment, les adolescents me parlent de politique, d’écologie, de transformations sociales. Bien sûr, ils évoquent ce qui les touche dans l’intimité, mais ils sont aussi très observateurs, très critiques, très sensibles sur ce qui se passe dans le monde. Quoi de plus intéressant que d’écouter un être en transformation nous parler d’un monde en mutation ? »
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2« L’ado n’a pas d’ambition »
« On s’imagine que le rêve de l’adolescent aujourd’hui, c’est de faire ‘The Voice’ ou de devenir YouTubeur. Or, les ados de la génération Z sont pleinement conscients des difficultés du monde hyper-moderne et de la société de l’hyper-consommation, de l’individualisme contemporain, etc. Ils savent que ce sera difficile pour eux de trouver du travail. D’autant que Parcoursup représente une première étape de disqualification forte, prouvant que même lorsque l’on travaille beaucoup, on n’a pas toujours ce que l’on veut. Je les trouve certes anxieux sur le futur mais pas défaitiste. Ils se mobilisent, ils travaillent et ils essaient de construire des projets.
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3« L’ado s’ennuie »
« On dit de cette génération Z qu’elle n’est pas passionnée et qu’elle s’ennuie rapidement. Je la trouve au contraire en ébullition. Contrairement à ce que l’on croit, c’est une génération qui lit beaucoup. J’ai même un patient qui lit de la poésie et des essais philosophiques, je trouve ça plutôt encourageant et c’est une génération qui est extrêmement créative, qui a besoin de façonner une empreinte sur le monde, de se sentir responsable et maîtresse de son environnement. J’ai des patients qui peignent, qui écrivent, qui font même des petites séries télé, qui imaginent la suite d’un film, qui font de la bande dessinée. En tout cas, ils arrivent à puiser dans la société d’images pour se dévoiler et confier leur univers intérieur.
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4« L’ado est passif »
« On les assimile à une génération connectée et passive. Pourtant, c’est une génération qui réussit à avoir une distance critique face aux images. Il ne s’agit pas d’une génération ébahie, sidérée face aux images, ils réagissent, ils les critiquent… Et ils puisent dans les représentations culturelles de quoi rendre figurables leurs angoisses. »
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5« L’ado ne regarde que des pornos »
« Il faut arrêter de penser que la génération Z passe son temps à consommer des films pornographiques. C’est un cliché que j’entends très, très souvent en consultation. Et que cela pervertirait leur représentation du corps, de la sexualité. Ce n’est pas vrai, j’ai même la sensation que certains ados sont effrayés par ces images. N’oublions jamais que l’adolescence est une période où l’on essaye de se construire une identité et ce n’est que lorsqu’on se sent narcissiquement fort que l’on peut s’engager dans une relation avec l’autre. La sexualité demande une vraie confiance en soi ; ce que les ados n’ont pas forcément. Bien sûr, chaque adolescent est singulier. Mais je ne vois pas une génération d’obsédés sexuels, marqués par les films pornos. Ce n’est pas du tout ce que je ressens, ni ce que j’observe. »